LE COUP DE JARNAC DES 70 ANS

Publié le par FOCAF13


Introduit en catimini le 1er novembre dans le projet de budget de la Sécu, l’amendement, qui vise à repousser l'âge limite du départ à la retraite, a été adopté hier à l’Assemblée nationale.

Sans surprise, la majorité gouvernementale à l’Assemblée nationale a adopté mardi, presque comme un seul homme, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2009 où figure l’amendement controversé devant repousser l'âge limite du départ à la retraite à 65 ans dans le secteur public et à 70 ans dans le privé. Et ce dès 1er janvier 2009. Le slogan présidentiel «travailler plus pour gagner plus» aura donc fait long feu puisque, après le démantèlement des 35 heures et la déréglementation en gestation du travail dominical, la seule «liberté» laissée désormais aux salariés est de travailler plus longtemps pour gagner sa vie…à la perdre. Pour le gouvernement, il n’y a pas lieu de polémiquer car cette disposition sera basée sur le volontariat. «Nous vivons de plus en plus longtemps, laissons les Français choisir», a lancé le ministre du Travail lundi au micro de RTL, insistant sur le fait que, si les 41 ans de cotisation sont réunis, la possibilité de partir à 60 ans demeure.

Pour les syndicats, en particulier FO, le «volontariat» reste une chimère dans la mesure où ce n’est pas le travailleur qui est maître du temps de travail mais son employeur. La «liberté de choix» de l'âge de départ à la retraite par les salariés eux-mêmes, «c'est du pipeau», a déclaré le leader de la confédération, Jean-Claude Mailly, avant d’ajouter: «même si dans l'immédiat ça ne remet pas en cause (l'âge légal de la retraite), moi je connais l'étape suivante». En clair, sous couvert de volontariat, le gouvernement prépare déjà les esprits au report de l'âge légal de la retraite de 60 à 65 ans, puis à 70 ans.

Sur la forme, FO a tenu également à dénoncer la manière «clandestine» et «sournoise», dont le gouvernement a procédé pour faire passer une disposition sur laquelle il n’y a eu aucune concertation. C’est en effet dans la nuit de vendredi à samedi et via amendement soutenu par un député de sa majorité, (Denis Jacquat) qu’il a commis son forfait. Mais là aussi, selon le ministre du Travail, il n’y a pas de quoi s’offusquer. «Que le texte vienne en fin de semaine et la nuit, c’est parce que le calendrier parlementaire du PLFSS est celui-ci. Maintenant vous savez depuis combien de temps on en parle de ce dossier? Depuis le départ du professeur Montagnier. Parce que le professeur Montagnier, était trop âgé pour chercher et pour trouver en France, mais il ne l’était pas assez pour aller aux Etats-Unis, avoir des succès aux Etats-Unis. Et à l’époque certains avaient dit: il faudra faire bouger les choses. L’an dernier même chose avec Guy Roux trop âgé pour rester en activité pour entraîner… Alors on s’était dit qu’il fallait faire bouger les choses», a expliqué M. Bertrand, après avoir soutenu qu’il avait exprimé dès le mois de mai aux syndicats son intention de «supprimer les mises à la retraite d’office» pour éviter, qu’à l’avenir, un employeur ne puisse décider, comme c’est le cas aujourd’hui de «faire partir» un salarié de 65 ans voulant continuer à travailler.

Au delà de la comparaison démagogique entre un génie de la médecine ou un entraîneur d’exception (dont les activités se confondaient avec leurs passions) et le commun des mortels contraint de travailler pour (sur)vivre et qui n’a pas forcément choisi son métier, FO rappelle qu’au printemps dernier la volonté du gouvernement était de supprimer les mises à la retraite d’office et non de les repousser à 70 ans. De plus, ajoute la centrale, début octobre, lors des présentations successives du PLFSS aux conseils d’administration de la CNAM (Assurance-maladie), de la CNAF (Allocations familiales) et de la CNAV (assurance vieillesse), la disposition contestée n’y figurait pas. Au passage, fait-elle remarquer, les trois conseils en question ont tous émis un avis (consultatif) défavorable sur le projet de texte. A la CNAV, 23 administrateurs, dont FO, ont ainsi voté contre et seulement quatre pour. Selon la présidente Danièle Karniewicz, (CGC) de cette caisse, les administrateurs «ont souhaité que l’on ne joue pas uniquement sur les dépenses, mais aussi sur les recettes pour équilibrer les comptes» des branches de la Sécurité sociale.

A ce propos, si le gouvernement s’est résolu à la création d’une taxe sur l'intéressement, la participation, l'épargne salariale et la retraite supplémentaire (2%) à la charge des entreprises, il a sommé les députés de rejeter l’extension de ce « forfait social» aux parachutes dorés, stock-options et autres actions gratuites des patrons et aux hauts dirigeants alors que la commission des Finances de l’Assemblée nationale y étaient favorable. Cherchez l’erreur!

Publié dans confédération FO

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article